Étanchéité des Toitures Terrasses : Guide Complet des Méthodes et Solutions  optimales pour vos Projets BTP

Ouvrier posant manuellement une membrane d'étanchéité sur une toiture pour assurer l'imperméabilisation

L’étanchéité des toitures terrasses est une composante essentielle pour assurer la durabilité des bâtiments, en prévenant les infiltrations d’eau qui pourraient compromettre la structure. Que la terrasse soit accessible ou non, il est important de choisir la bonne méthode et les bons produits pour garantir une protection durable. Ce guide aborde en détail les solutions adaptées, avec un focus sur les marchés marocain et africain.

Pour mieux comprendre les différents composants et systèmes d’étanchéité, voici quelques termes essentiels à retenir:

  1. Voile de verre (VV) : Un matériau souvent utilisé comme première couche dans les systèmes d’étanchéité multicouche. Il apporte une résistance mécanique supplémentaire et une meilleure tenue aux déformations.
  2. Élastomère SBS : Un type de bitume modifié, appelé bitume élastomère, qui se distingue par sa souplesse et sa résistance aux basses températures, offrant une grande flexibilité et une meilleure adhésion.
  3. Membranes bitumineuses : Ces revêtements à base de bitume se déclinent en deux types principaux :
    • APP (Plastomères) : Très résistant aux UV et aux températures élevées.
    • SBS (Élastomères) : Plus souple et adapté aux climats froids ou tempérés.
  4. Revêtement d’étanchéité pour toit plat : Ce terme fait référence aux solutions spécifiques développées pour les toitures terrasses, qu’elles soient accessibles ou non.
  5. Systèmes d’étanchéité : Les systèmes inversés ou traditionnels sont les deux grandes catégories d’étanchéité pour toitures terrasses :
    • Inversé : L’isolation thermique est placée au-dessus du revêtement d’étanchéité.
    • Traditionnel : Le revêtement d’étanchéité est appliqué directement sur la structure avec l’isolation en dessous.
  6. Produits bitumés : Ces produits peuvent être appliqués à chaud ou à froid et sont souvent utilisés dans le cadre d’applications d’étanchéité ou pour les routes.

Le choix du système d’étanchéité dépend essentiellement de la fonction de la terrasse (accessible ou inaccessible) et des exigences techniques spécifiques à chaque projet.

Pour les terrasses inaccessibles, deux options principales sont souvent envisagées :

  1. Système monocouche : Ce système utilise une membrane bitumineuse de 4 mm auto-protégée. Ce type de revêtement est simple à poser et convient aux terrasses où l’entretien et l’accès sont limités.
  2. Système bicouche : Dans cette configuration, deux couches de membranes bitumineuses sont appliquées, souvent dans un système inversé. Ce dernier inclut une isolation thermique, généralement composée de matériaux tels que le liège, le polystyrène extrudé (XPS) ou la laine de roche. Ce système offre une protection renforcée contre les variations thermiques et les fissurations potentielles du support.

Pour les toitures terrasses accessibles, où des charges importantes et une circulation piétonne sont prévues, le système bicouche est le plus adapté. Ce système inclut :

  • Deux couches de bitume, offrant une protection renforcée.
  • Une protection mécanique supplémentaire pour assurer une meilleure résistance aux charges statiques et dynamiques, telles que les mouvements de piétons ou de mobilier.
Diagramme illustrant le sens de pose et les étapes de chevauchement des membranes d'étanchéité sur une toiture terrasse avec pente
Schéma de Pose des Membranes d’Étanchéité sur Toiture Terrasse

Il existe deux procédés principaux pour la mise en œuvre de l’étanchéité multicouche. Le choix entre ces méthodes dépend de la nature du support et des contraintes du projet.

Le revêtement d’étanchéité est entièrement collé au support sur la totalité de la surface. Ce procédé garantit une adhésion totale entre le revêtement et son support, assurant une protection optimale contre les infiltrations. C’est souvent le choix privilégié lorsque la stabilité du support est avérée et que le mouvement structurel est minime.

Le revêtement d’étanchéité est simplement posé sur le support sans être collé, permettant ainsi une certaine liberté de mouvement entre les couches. Ce type de pose est particulièrement efficace pour résister aux fissurations et aux mouvements de dilatation au niveau des joints entre éléments fractionnés. Il est souvent utilisé sur des supports sujets à des variations dimensionnelles.

Avant de procéder à l’application de l’étanchéité, il est essentiel de préparer correctement le support afin de garantir une durabilité optimale du système d’étanchéité. Voici les conditions à respecter :

  • Propreté et Séchage du Support : La surface du support doit être parfaitement propre, sèche et exempte de tout débris. Pour les formes en maçonnerie, un délai de séchage de 8 jours à 3 semaines est nécessaire, selon les conditions climatiques (température, humidité).
  • Température Minimale du Support : Aucun travail d’étanchéité ne doit être réalisé si la température du support est inférieure à 2 °C. Des températures trop basses peuvent affecter l’adhésion du bitume et réduire la durabilité de l’étanchéité.
  • Fusion du Bitume : Lors de la mise en œuvre du bitume, la température ne doit pas excéder 260 °C pour éviter de dégrader le produit et compromettre son efficacité.

La composition des revêtements multicouches varie en fonction de plusieurs critères, tels que :

  • La nature du support (béton, acier, bois).
  • La pente de la toiture (nécessaire pour évacuer correctement les eaux pluviales).
  • Les charges supportées par la terrasse (en fonction des éléments situés au-dessus du revêtement d’étanchéité).

Les terrasses peuvent être classées en deux catégories :

  1. Celles dont la somme des charges permanentes et d’exploitation est inférieure à 450 kg/m².
  2. Celles où cette somme dépasse 450 kg/m², ou celles équipées de rampes de circulation de véhicules.

Pour une terrasse standard, la composition d’un revêtement multicouche inclut :

  • Une couche d’EAC (Enduit d’Adhérence à Chaud).
  • Un bitume armé type 40 TV.
  • Un feutre bitumé type 36 S PY – VV, utilisé comme renfort.

Pour des zones soumises à des charges localisées importantes (comme des jardinières ou des chemins de roulement), la composition sera renforcée par :

  • Une couche supplémentaire d’EAC.
  • Un bitume armé de type 40 TV.

Les rampes de circulation de véhicules nécessitent un renforcement spécifique de l’étanchéité pour résister à des charges et des mouvements continus. Ce type de revêtement inclut :

  • Une couche d’EIF (Enduit d’Imprégnation à Froid).
  • Un bitume armé type 50 TV VV HR.

La masse moyenne de ce type de revêtement est d’environ 13,6 kg/m².

La pente est cruciale pour garantir une bonne évacuation des eaux pluviales. Sur une dalle en béton armé, une forme de pente est réalisée selon les spécifications du DTU 43.1. Le béton utilisé doit être dosé à 350 kg/m³ de ciment CPJ 45. L’épaisseur minimale de la pente sera de 3 cm au point le plus bas, avec une pente d’au moins 1 % pour permettre un écoulement efficace de l’eau.

Ouvrier réalisant la pose d'une chape de lissage sur une toiture terrasse pour préparer la mise en œuvre de l'étanchéité, par AJBTP
Travaux de Préparation : Pose de Chape de Lissage sur Toiture Terrasse

Tous les reliefs, tels que les acrotères et les traverses de ventilation, doivent être dotés de solins en mortier de ciment pour assurer une étanchéité parfaite.

Travailleur utilisant une truelle pour lisser une chape liquide lors de la préparation d'une toiture terrasse avant l'étanchéité, par AJBTP
Application de Chape de Lissage pour Toiture Terrasse

Une fois la forme de pente réalisée, une chape de lissage de 2 cm d’épaisseur, également dosée à 350 kg/m³, est appliquée sur la forme de pente. Cela garantit une surface parfaitement lisse, prête à recevoir le revêtement d’étanchéité.

La composition type pour un système monocouche inclut :

  • Un enduit d’imprégnation à froid (EIF) appliqué à raison de 300 g/m².
  • Une membrane soudable appliquée au chalumeau avec un recouvrement minimal de 10 cm longitudinalement et 15 cm transversalement pour assurer une continuité parfaite de l’étanchéité.
Travaux d'étanchéité des relevés sur une toiture terrasse, avec pose de membrane bitumineuse au niveau des jonctions murales, par AJBTB
Étanchéité des Relevés sur Toiture Terrasse avec Membrane Bitumineuse

Les relevés (jonctions entre les surfaces verticales et horizontales) sont des points critiques dans un système d’étanchéité, car ils sont particulièrement exposés aux infiltrations d’eau. Voici les étapes essentielles pour garantir une étanchéité optimale des relevés :

  1. Application d’un enduit d’imprégnation à froid sur toute la zone concernée.
  2. Installation d’une bande d’équerre de 30 cm de développé, soudée en plein sur la costière et sur la partie courante par un talon de 15 cm.
  3. Application de la membrane d’étanchéité, qui sera soudée sur toute la hauteur du relevé avec un talon d’au moins 20 cm sur la partie courante.

Le contrôle qualité sur chantier est une étape indispensable pour s’assurer que l’étanchéité des toitures terrasses est correctement mise en œuvre. Ce contrôle inclut des vérifications régulières sur les matériaux, le matériel, ainsi que sur le support et la réalisation des travaux.

Diagramme technique détaillant les couches d'étanchéité pour toiture terrasse, incluant pare-vapeur, isolant et membrane d'étanchéité liquide, par AJBTP
Schéma Technique d’Étanchéité Multicouche pour Toiture Terrasse

Le laboratoire de chantier doit procéder à plusieurs prélèvements pour contrôler la qualité des matériaux employés dans le processus d’étanchéité :

  • Vérification des feuilles d’étanchéité : Les feuilles utilisées pour l’étanchéité doivent être conformes aux spécifications techniques, en termes d’épaisseur, de composition et de résistance.
  • Vérification de la qualité de l’isolation thermique : Les matériaux isolants (liège, XPS, laine de roche, etc.) doivent répondre aux normes en vigueur, notamment en matière de résistance thermique et de compatibilité avec le revêtement d’étanchéité.
  • Contrôle des enduits bitumineux (EAC et EIF) : Ces enduits, qu’ils soient à chaud ou à froid, doivent être conformes aux exigences en termes de viscosité, d’adhérence et de durabilité.

Pour une exécution réussie de l’étanchéité, il est essentiel que le matériel utilisé par l’entreprise soit en bon état et adéquat. Voici les éléments à vérifier :

  • Système de chauffage du bitume : Le système doit permettre une chauffe régulière et contrôlée. Une température trop élevée ou trop basse pourrait compromettre la qualité de l’étanchéité.
  • Contrôle de la température avec un thermomètre : La disponibilité d’un thermomètre fiable est essentielle pour vérifier la température de fusion du bitume. Celle-ci ne doit pas excéder 260 °C pour éviter de dégrader la qualité du produit.

Le support sur lequel l’étanchéité est appliquée doit également faire l’objet de contrôles stricts avant le début des travaux :

  • Consistance superficielle des formes de pente : Le dosage en ciment de la forme de pente et de la chape doit être vérifié pour s’assurer qu’il respecte les recommandations (350 kg/m³ de ciment CPJ 45).
  • Orientation des pentes vers les drains : Les pentes doivent être correctement orientées pour faciliter l’évacuation des eaux pluviales, sans stagnation. Une pente d’au moins 1% doit être respectée.
  • Humidité résiduelle du support : Même si le support semble sec en surface, il peut encore contenir de l’humidité à l’intérieur. Cela peut causer des cloques ou des décollements du revêtement d’étanchéité si elle n’est pas correctement évacuée avant l’application.

Le contrôle en cours de réalisation vise à vérifier que les différentes étapes de mise en œuvre sont effectuées correctement. Il est crucial de s’assurer du respect des points suivants :

  • Température du bitume : Elle doit être maintenue à un niveau adéquat pour garantir une bonne adhésion au support.
  • Application uniforme des couches d’enduits bitumineux : Les couches doivent être étalées de manière régulière sur toute la surface, sans excès ni carences en matière de produit.
  • Séchage adéquat de l’EIF (Enduit d’Imprégnation à Froid) : L’EIF doit avoir séché correctement avant de recevoir les couches suivantes pour éviter tout problème d’adhérence.
  • Bon recouvrement des lés : Les lés de la membrane doivent être correctement chevauchés (10 cm longitudinalement et 15 cm transversalement) pour assurer une étanchéité optimale.

Les points singuliers, tels que les relevés, les raccordements ou les drains, requièrent une attention particulière durant la mise en œuvre de l’étanchéité :

  • Dispositions des relevés et raccordement avec la partie courante : Les relevés doivent être correctement soudés sur toute la hauteur avec un talon de 20 cm minimum sur la partie courante.
  • Dispositions des couvre-joints : Les couvre-joints doivent être installés de manière à garantir une continuité de l’étanchéité, en particulier au niveau des joints de dilatation.
  • Installation et raccordement des drains : Les drains doivent être placés aux points bas des pentes, avec un raccordement soigneux à la membrane d’étanchéité pour éviter toute infiltration.
  • Couche de sable de désolidarisation : Entre l’étanchéité et la protection, une couche de sable doit être installée pour assurer la désolidarisation et éviter les contraintes mécaniques sur la membrane.

Lors de la mise en œuvre, chaque couche d’étanchéité bitumineuse doit être réceptionnée individuellement pour s’assurer que toutes les règles d’exécution ont été respectées.

  • Prélèvements d’échantillons : Des prélèvements sont effectués sur l’ensemble du complexe d’étanchéité (forme de pente, écran par-vapeur, isolation thermique, système multicouche, protection mécanique). Un échantillon de 30 x 30 cm est prélevé pour chaque surface inférieure à 200 m² ou par bâtiment si la surface est inférieure à 200 m².

Une fois l’étanchéité terminée, des épreuves d’étanchéité à l’eau sont réalisées pour vérifier l’absence de fuites et garantir la durabilité du revêtement.

  • Niveau d’eau : Le niveau d’eau est maintenu à 5 cm sous la partie supérieure du point le plus bas des relevés. Ce niveau est conservé pendant une période de 72 heures pour tester l’étanchéité.
  • Observation des eaux pluviales : Un système est mis en place pour permettre l’évacuation des eaux pluviales si le niveau d’eau dépasse celui prévu. L’observation des entrées d’eau pluviales est essentielle pour s’assurer qu’aucune infiltration ne survient pendant la période de test.
  • Vidange progressive : Une fois la période de test écoulée, la vidange de l’eau doit se faire de manière progressive pour éviter tout refoulement dans les colonnes d’évacuation et pour permettre une observation précise des zones à risque.

Pendant la période d’essai, aucune fuite ne doit être constatée, que ce soit en sous-face de la terrasse, dans les murs ou dans les cloisons. En cas de doute ou d’ambiguïté sur la provenance de l’humidité observée, il est possible de répéter les épreuves avec de l’eau teintée pour mieux identifier les zones d’infiltration potentielles.

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